Très souvent, le travailleur victime de faits de harcèlement ou de violence psychologique au travail est dépourvu car en situation de forte détresse. Quand vous êtes harcelé, vous développez un certain sentiment de honte. Vous vous refermez sur vous et devenez irritable. Il est important de réagir et de vous faire aider par des spécialistes (qui parfois ne vous aideront pas) ou de fuir la situation.

Même si le législateur a prévu de protéger la santé des travailleurs, dans les faits, quand vous subissez des actes abusifs, il est très difficile de faire respecter ses droits.

1-. Quitter son emploi

Si vous ne vous sentez pas la force de rentrer dans des procédures longues, parfois couteuses et surtout éprouvantes, le premier conseil à donner est de penser à changer d’employeur si c’est lui votre bourreau. Car il y’a trop de risques à travailler pour un patron toxique qui vous harcèle. C’est injuste, c’est même scandaleux que ce soit la victime qui doivent partir surtout si elle est pousser à partir en raison du comportement de son patron mais dans les faits, c’est un sage conseil. C’est même la meilleure solution surtout si l’harcèlement ne s’arrête pas.

2-. Parler du harcèlement

En cas de harcèlement, un des meilleurs moyens pour s’en sortir est de parler de ce qui arrive. La plupart du temps, avec le sentiment de culpabilité, les victimes n’arrivent pas à parler de ce qui leur arrive. Toutefois il faut en parler à un membre de la famille ou à une amie ou à toute autre personne dont la victime a confiance. Pour les victimes dans le milieu scolaire, il faut oser parler à un adulte. Parler du harcèlement à un proche présente un double avantage. Il permet tout d’abord à la victime de se libérer d’un poids et de reprendre confiance en soi. Il permet également à la victime d’avoir des conseils et des soutiens moraux.

3-. Faire face au harcèlement

Si vous préférez faire face, sachez que cela aura un coût pas forcément financier même si c’est très souvent le cas mais un coût sur votre qualité de vie.

Voici quelques idées :

  • avoir une assurance protection juridique. Ce n’est pas quand vous êtes harcelé qu’il faut y songer mais bien avant. C’est toujours un sage conseil de vous couvrir pour les frais d’avocats et de procédures que vous pourriez avoir en matière de droit du travail. Diverses compagnies proposent ce genre de police qui vous éviteront d’ajouter à votre souffrance morale des soucis d’ordre financier.
  • n’entamer pas une procédure en harcèlement trop tôt, vous risquez de ne pas avoir assez de faits à rapporter
  • ne vous mettez pas dans votre tort. Quoique l’on vous fasse, ne répondez pas, ne ripostez pas, ne vous énervez pas, cela vous serait immanquablement reproché ultérieurement.
  • prenez note de tout fait qui peut être un début de preuve de harcèlement. Vous devez savoir que la loi sur le bien être a renversé la charge de la preuve. C’est à l’employeur, pour autant que le travailleur amène suffisamment d’indices de prouver qu’il n’y a pas eu harcèlement :

    Le travailleur qui introduit une action en justice ne va pas devoir prouver le harcèlement ou la violence mais va devoir établir devant le juge des faits qui vont lui permettre de présumer, d’en déduire l’existence de violence, de harcèlement moral au travail. Le demandeur va donc devoir prouver ces faits ou apporter un commencement de preuve de ces faits.

    Une fois cette preuve apportée et cette présomption établie, il appartiendra au défendeur de prouver qu’il n’y a pas violence ou harcèlement au travail.  source

  •  prenez un rendez vous auprès de la personne de confiance de votre employeur ou du conseiller en prévention interne ou externe (avoir une personne de confiance n’est pas forcément une obligation légale). Ce rendez vous doit avoir lieu pendant vos heures de travail. Vos frais de déplacement sont à charge de l’employeur.
    Lorsque vous vous rendez chez ce conseiller, vous devrez à nouveau être informé de vos droits et procédures. Dans presque tous les cas, une conciliation vous sera proposée. Sachez que vous avez trois options.

    1. Soit vous acceptez la conciliation. C’est bien entendu la meilleure solution pour mettre fin au conflit MAIS c’est à vous de déterminer si la personne mise en cause (la personne que vous considérez comme harceleur) sera capable de modifier son comportement à votre égard.
    2. Vous pouvez aussi entamer une procédure formelle qui vous protégera contre un licenciement pendant un an.
    3. Enfin, vous pouvez faire les deux de front. Même si la procédure formelle rend la conciliation plus difficile et vous sera souvent déconseillée, cette solution me parait devoir être prise en compte.
  • à partir de ce moment, vous pouvez devenir ferme sur vos droits dans le conflit. Il convient de rester poli et calme mais vous vous devez de signaler quand vos droits sont bafoués. Il faut exister dans le conflit que la personne mise en cause sache que vous allez vous défendre sur le terrain juridique.
  • Envisager de poursuivre en justice. Le conseiller en prévention à 3 mois (postposable 3 fois à condition de le justifier, donc un an maximum) pour rendre son rapport et ses recommandations. Vous pouvez obtenir copie de ce rapport si vous envisagez d’entamer une action en justice.
  • éviter les procédures abusives. Ne voyez pas dans la procédure formelle un moyen pour éviter un licenciement si vous n’avez pas de faits à dénoncer. Le législateur a prévu des sanctions pour ceux qui s’aventurent dans des procédures abusives. Soyez prudents !

4-. Prouver le harcèlement et ne pas se mettre en tort

Il peut arriver que les victimes ne se rendent pas compte directement qu’elles sont la cible de harcèlement ou de violences psychologiques au travail ce qui encourage parfois leur bourreaux à persévérer dans leur comportements tout en essayant de justifier leurs actes.

Il est pourtant primordial d’être attentif dès les premiers actes à votre égard même si l’on a tendance à penser que cela n’arrive qu’aux autres. Voici donc une liste de 10 choses à faire:

1-. Répertoriez les faits de violence ou harcèlement

Collectez les preuves, notez chaque fait et chaque date correspondante. Il s’agit ici de prendre des notes concrètes sur un agenda ou un carnet par exemple toutes les violences et discriminations subies par la victime. Cette étape consiste également à rassembler toutes les pièces qui permettent de prouver le harcèlement et la discrimination. Ainsi en est-il des écrits, des témoignages possibles… Ce conseil est aussi à donner aux parents dont les enfants sont victimes de harcèlement à l’école.

Notez chaque fait, même s’il vous paraît anodin, qui soit de la provocation, de l’humiliation, de l’agression ou encore de l’isolement. Chaque fait doit être daté et circonstancié.

2-. Savoir raison garder

Si vous répondez ou commettez tout acte qui pourrait vous être reproché, vous perdez presque toute possibilité d’avoir gain de cause dans vos procédures.

Gardez votre sang froid, même si c’est très difficile dans ces circonstances et ne commettez rien qui vous mette dans votre tort.

3-. Suivez les procédures

Très souvent, vous n’aurez reçu qu’une information très parcellaire voire nulle de votre employeur par rapport au harcèlement.

Il convient de savoir que faire pour faire respecter vos droits. Lisez attentivement la législation de votre pays à ce propos.

Vous pouvez aussi lire les cas de jurisprudence. Cela fait un bien fou car vous voyez que votre cas n’est pas isolé et il est bien ‘un ou l’autre exemple dans lequel vous vous reconnaîtrez.

Voici les personnes à qui vous pouvez vous adresser :

4-. Preuves

Conservez soigneusement toute preuve qui pourrait vous être utile. Peuvent constituer des preuves ou des commencements de preuve :

  • des emails
  • des notes de services (si le harceleur est naïf)
  • des courriers
  • des photos que vous prendriez

5-. Témoignages

harceleurDans une situation de harcèlement au travail, faire appel à des témoins est très difficile. Les collègues de la personne harcelée craignent d’être à leur tour la cible du harceleur.

A contrario, le harceleur peut trouver plus facilement des travailleurs qui fourniront un témoignage parce que cela peut être bien vu de la hiérarchie. Dans tous les cas que nous avons été amené à connaître, des personnes se rangent systématiquement du côté du harceleur et en tire de petits bénéfices malsains tels que : meilleur emploi du temps, tâches plus agréables priorité pour certains postes. Il faut savoir aussi que dans tous les cas, une partie de ces personnes qui se font complices deviennent malgré tout harcelées car le harceleurs n’aime que lui et se croit supérieur à tout le monde y compris ceux qui lui sont serviles.

Dans votre répertoire, il est important de bien noter qui était présent quand les faits se sont déroulés afin d’éviter des témoignages de complaisance.

6-. Demandez des consignes écrites

Dans une situation de harcèlement, la confiance est rompue. Pour vous couvrir, il est essentiel d’essayer que la communication se fasse par écrit.

Si vous avez reçu un ordre oralement qui vous parait bizarre, feignez de ne pas avoir bien compris et demandez ce qu’il en est par email par exemple.

Soyez toutefois attentif à ce que cela ne soit pas perçu comme une démarche procédurière de votre part.

7-. Évitez les pièges

Si vous êtes convoqué à un entretien oral et que vous êtes en présence de personnes qui vous sont toutes hostiles, essayez, si cela se justifie, de vous faire accompagner par votre délégué syndical.

8-. Effectuez votre tâche avec zèle.

Ne laissez pas votre travail pâtir de la situation.

Il est bien entendu très difficile de travailler sereinement dans de telles circonstances mais ayez à cœur de continuer à bien faire ce que vous avez à faire afin que cela ne puisse pas vous être reproché.

9-. Réfléchissez aux implications d’une absence.

Très souvent, et très logiquement, on souffre tellement dans ces situations que l’on s’absente du travail.
Pensez bien qu’une coupure rend le retour d’autant plus ardu que la coupure a été longue.

10-. Gardez une image positive de vous même

Le harcèlement a un effet destructeur sur la victime qui se voit mentalement et physiquement plombé.

Trop souvent on se sent dévalorisé et on se remet en cause en pareille situation. Pensez bien que le déviant, c’est le harceleur et que vous n’y êtes pour rien.

Vous n’avez pas demander à être harcelé et ce n’est pas de votre faute. Ne cherchez pas ce qui a pu déclencher ce comportement du harceleur dans ce que vous avez fait ou pas fait.

5-. Autres démarches à faire si vous êtes harcelée ou harcelé au travail

  • Saisir son syndicat Pour le harcèlement moral, une autre façon d’échapper à l’emprise du harcèlement est de saisir le syndicat du personnel afin que ce dernier puisse aider la victime. Il faut à tout prix éviter l’isolement et demander de l’aide. Le syndicat aidera la victime à informer les hiérarchies supérieures de la situation afin qu’ils puissent résoudre le problème. Le syndicat va jouer le rôle de médiateur entre le harceleur et la victime.
  • Consulter un avocat spécialisé Quelque soit la forme du harcèlement, il faut également avoir le réflexe des procédures éventuelles. Que ce soit dans le milieu scolaire ou dans le monde du travail, le harcèlement est un délit passible d’amende ou d’emprisonnement dépendant de la législation de chaque pays. L’avocat va vous orienter et éventuellement déposer une plainte devant la juridiction compétente contre la personne qui harcèle.
  • Opter pour une aide psychologique Il faut comprendre que le harcèlement est une situation très dangereuse pour la victime surtout lorsque le harcèlement dure depuis longtemps. Dans ce cas l’intervention d’un professionnel est nécessaire afin d’aider la victime de harcèlement. Le centre PMS peut aider la victime si il s’agit de harcèlement scolaire. Pour le harcèlement au travail, c’est au travailleur de rechercher un psychologue qui consulte en privé ou dans un hôpital.

 

 

Vous trouverez une information officielle :

pour la Belgique sur le site du service Public Fédéral Emploi, travail et concertation sociale

pour la France sur le site service-public.fr

PS : Ces idées sont à relativiser par rapport à l’expérience de chacun. Son auteur décline toute responsabilité qui découlerait de leur application. Chaque citoyen possède le libre arbitre quant à sa façon d’agir.